Portrait de Daniel Knipper, scénographe et régisseur lumière

Par Christophe Lyonnet

 

lum2 Daniel Knipper

Regards, Illuminations à la Fête des Lumières de Lyon en 2015 en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre

Daniel Knipper est né en 1959 à Strasbourg et vit actuellement à Achenheim.

Après deux ans de médecine et le Service militaire, en 1982 Daniel participe à un stage d’art dramatique d’un mois à Wissembourg, organisé par les Comédiens du Rhin de Strasbourg (Paul Sonnendrucker).Il y approche les arts du comédien, costume, décor, lumière, son, avec un spectacle en fin de stage.

Il parvient à être engagé comme machiniste intermittent à l’Ecole du Théâtre National deStrasbourg (TNS), où il se glissera peu à peu dans les cours et fera la rencontre de Jean Vallet, éclairagiste du TNS et enseignant à l’Ecole.

C’est alors qu’on lui parle du festival de Musica qui se crée en 1983 à Strasbourg. Il estengagé à la lumière dans la création que l’Atelier du Rhin de Colmar mène dans le cadre du festival. Depuis, il n’a plus lâché cette activité.

Il fait la connaissance de Henri Alekan, chef opérateur cinéma de l’après guerre aux années80 (notamment de Jean Cocteau et René Clément). Daniel a été fasciné par son travail sur la peinture et sur l’ombre. Il se souvient de l’ombre immense du père se dessinant sur la porte dans la Belle et la Bête.

A la suite de nouvelles rencontres, il assure des éclairages au Scarface Ensemble de Mulhouse tout en continuant à l’Atelier du Rhin. Puis en 1985 il suit une formation lumière de trois semaines au TNS.

Dans les années qui suivent (87, 88, 89), il travaillera dans l’entreprise de service SACER (éclairages architecturaux) sur des prestations de son pour le Corso fleuri à Sélestat ou de lumière pour la Saga des Rohans à Saverne. Trois mois de régie générale au théâtre de Vesoul lui apprendront qu’il n’est pas fait pour travailler en lieux fixes, mais cette période lui aura apporté l’expérience de toute la chaine de création. La lumière reste néanmoins son point de prédilection.

Il continue ce parcours dans les années 90 et en 1997 il prend la régie d’une création et tournée du Réseau-théâtre avec le metteur en scène et acteur Bernard Bloch, « Tue la mort » avec 11 comédiens et 100 dates de représentation. A partir de 1998 il assure les régies du Théâtre Lumière (textes contemporains, Strasbourg), avec le comédien et metteur en scène Christophe Feltz, à l’Illiade (Illkirch), TAPS et Hall des chars (Strasbourg), Espace culturel (Vendenheim).

Autre voie depuis 2005 : l’éclairage architectural. C’est grâce à la rencontre de Jean-François Zurawik (société de prestation à Strasbourg, parti diriger les Grands événements à Lyon) qu’il est entrainé à la Fête des lumières de Lyon. En effet Daniel s’est clairement orienté vers une technique « traditionnelle » de projection d’images lumineuses réalisées sur films à partir de photos des lieux à animer, et c’est précisément ce qui intéresse alors Lyon qui ne veut pas se cantonner au mapping vidéo. Cette technique de film argentique mise au point dans les années 80 reste encore d’actualité, fournie par la société Central Dupon à Paris. La projection lumineuse est assurée par des HMI ou Xénon 12Kw avec scroller de diapo. La technique est mise en œuvre par des sociétés comme ETC et Pani.

Mais au traditionnel s’ajoute encore l’« artisanal » que revendique Daniel : l’utilisation de découpes associée à une conception « maison » de gobos, réalisés d’après photos afin de révéler les détails architecturaux, du mapping analogique en quelque sorte …

Enfin les projecteurs à LED et asservis (VL 4000, G-Profile de SGM, Mac Viper…) complètent ses dispositif.

Daniel propose maintenant aux appels d’offres ses propres projets comme à Lyon l’Eglise Saint-Nizier en 2006 et 2008, le Conseil Général en 2009, la Cathédrale St Jean en 2011 et 2013, ainsi que les quais de Saône en 2012 et la place des Célestins en 2014, et enfin « Regards » à Fourvière en 2015. Il a travaillé avec Damien Fontaine, créateur de spectacles multimédia, sur la fête des lumières d’Orléans et la fête des lumières Diwali à l’île Maurice. Un projet à Sao Paulo a du être abandonné en raison de la crise financière de 2008.

La peinture est une inspiration importante des projets de mise en lumière de Daniel. Amateur de Kandinsky, de Mondrian et du Corbusier, il parle de « lire une façade » pour animer le bâtiment et lui donner une vie différente et éphémère, provoquer la magie. Son attrait pour la peinture trouve un aboutissement récent avec le projet « Regards », projection picturale sur la colline de Fourvière à Lyon (basilique et quais). Malgré la décision de la Ville d’annuler la fête du 8 décembre suite aux attentats du 13 novembre, l’œuvre de Daniel Knipper « Regards » a été maintenue car elle correspondait au contexte de recueillement, et les prénoms des victimes ont été ajoutés à la fin de la boucle image.

Mais ces projets picturaux peuvent aussi s’exporter d’un lieu à l’autre. Ainsi sur la base de son travail sur les quais de Saône à Lyon en 2012, il part en 2013 monter l’éclairage d’une place à Dubaï, où il projette sur les maisons des couleurs et des lignes à la manière de Mondrian, avec un assistant et une équipe locale, et 90 puissantes découpes.

Le rapport au public est également un paramètre majeur : comment il arrive, comment il se place, quelle vision lui offrir, c’est aussi adapter le savoir-faire du théâtre à l’éclairage extérieur. La meilleure récompense est le remerciement du public, comme les élèves du Lycée technique de Bischwiller qui ont « découvert » leur établissement, ou ce commerçant qui « voit » pour la première fois la basilique de la Chaise-Dieu, en face de laquelle il tient sa boutique depuis des années !

Daniel a fait le compte : il travaille comme intermittent pour 11 à 14 employeurs par an, sur des durées variables de quelques jours à plusieurs mois ou plus, dont les réguliers comme le Théâtre Lumière, GL Events, Xeos et Musica.

Plus récemment il s’est engagé dans la voie de la formation qu’il compte développer : formation du personnel du Vaisseau, ou projet d’éclairage du Lycée technique de Bischwiller avec les élèves de Terminale.

Mais un retour vers le rapport au texte du théâtre se fait aussi sentir, et toujours la constante primordiale du travail en équipe pour l’échange humain et les savoir-faire croisés.

Outre ceux déjà cités plus haut, Daniel note sur son site internet (http://www.danielknipper.com/) quelques noms importants dans son parcours comme André Diot (art de « l’obscur-clair » et économie de moyens), Jean-Jacques Ezrati (muséographie, art de la couleur), Michel Ladj (section régie Ecole TNS), Didier Coudry (festival Musica).

Illumination du Lycée de Bischwiller

Illumination du Lycée de Bischwiller

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christophe Lyonnet, 10 février 2016
http://www.asso-luminaris.org/2016/11/11/echanges/portraits/portrait-de-daniel-knipper-scenographe-et-regisseur-lumiere

 

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